5 ⸱ Le grand art
L.S. ALLEGRA
ALLEGRA Léa Simone – Flammarion
Une vieille gloire du marché de l’art sur le point de se retirer, croit reconnaître dans une chapelle un chef d’œuvre de la Renaissance italienne qui pourrait lui permettre de partir en beauté. Une veuve éplorée, une ravissante experte, un restaurateur de tableau vont mettre le monde de la peinture en ébullition.
Voici un joli roman français qui mène le lecteur, par le bout du nez, dans l’univers des salles de vente. C’est l’histoire d’un commissaire- priseur dont l’heure de gloire est passée, un has been dans tous les sens du terme, notamment parce qu’il continue à travailler comme à l’heure d’avant internet. Les descriptions le concernant ne sont pas convergentes (c’est intéressant) mais, en tous cas, ce doit être un vieux beau. Sur ce personnage se bâtit toute l’intrigue qui va beaucoup plus loin qu’on ne l’aurait imaginé. Suspens, une fois la vente aux enchères passée – magnifique morceau – à la fin de la deuxième partie, on croit avoir atteint le sommet mais non, il reste la troisième partie où le maillet du juge frappe à son tour, sans compter le coup (final) du destin.
Un certain nombre de petits clins d’oeil illustrent que l’auteur s’est bien amusée : le personnage de la Française s’appelle Marianne, l’Allemand s’appelle Fritz (l’Allemand). Lea Simone Allegria signe ici la dimension caricaturale de son œuvre. et et même Fritz Hammer (ce qui signifie le marteau mais aussi le maillet). Quant au héros il s’appelle Vivienne comme la galerie du même nom où j’apprends, en consultant internet, que Jean-Paul Gaultier est aujourd’hui installé. Difficile de ne pas sourire à tant de clin d’œils facétieux.
Toute cette jolie intrigue est également l’occasion d’une vulgarisation intéressante du milieu des salles de vente et de leurs acteurs : commissaires priseurs, experts, acheteurs, … un très bon livre de vacances.
« Les objets comptent peu; ce sont les mythes qui les transportent. » Créer une histoire autour d’une œuvre d’art et la sublimer pour en tirer le meilleur profit financier, c’est du Grand Art dont l’acte final se joue – peut-être- dans le théâtre d’une salle des ventes.
Celle-là, c’est la découverte d’un retable dont le titre et sa description sont inspirés d’un tableau de Raphaël, la Vierge au Chardonneret (remplacez Chardonneret par Rouge-gorge). Pour le magnifier : les artistes-créateurs du mythe sont un commissaire-priseur, une experte – elle se nomme Javert comme dans les Misérables ! – et un restaurateur dans la perspective d’établir une filiation historique enrichissante à son auteur. Ce Grand Art existe peut-être aussi dans la vraie vie.
Une fois, deux fois, trois fois, j’adjuge… 380 millions d’euros en 2015 pour acquérir le Sauveur du Monde cité dans ce roman et vendu pour seulement 45 livres en 1958 (!). Il est d’abord attribué à un des élèves de Léonard de Vinci puis plus tard au maître lui-même (ça fait monter la côte) sans aucune certitude absolue alors qu’il existe aussi une autre version peinte soit par lui soit par l’un de ses autres élèves selon avis d’experts dans les deux cas. Le faux-vrai cache-t-il le vrai-faux comme dans ce roman ?
Paul VIVIENNE est un vieux marchand d’art dépassé par les nouvelles techniques d’acquisitions des œuvres. Il est notamment en concurrence avec Marianne. Un jour, les deux se lancent à la recherche d’un vieux retable toscan. Une enquête dans le monde de l’art inintéressante au possible alors que le sujet aurait pu être bien traité. L’écriture est mauvaise, les personnages quasi inexistants. Un livre que l’on peut oublier. Note 2
Même s’il s’agit d’un monde soit-disant raffiné, l’auteur manque de raffinement : tout est prévisible et mal écrit. 1
Apres un debut poussif , je me suis laissee prendre par les renversements
de situations .Ces personnages avides de gain,de notoriété ne sont peut etre pas si loin de
la ( triste )realité ! Je lisais ce livre lorsque les infos parlaient du tableau ( vrai / faux )
acquis à prix d’or par un émir …
Une belle incursion dans le monde de l’art, des experts et des commissaires-priseurs, intéressante en elle-même, mais il faut attendre plusieurs chapitres avant de voir l’action se nouer autour du retable qui sera le véritable sujet du livre. L’action pourra ensuite de dérouler avec plusieurs rebondissements jusqu’à la fin. On peut donc regretter une trop longue exposition à ce qui devient presque une énigme policière. Note : 3
Le style d’écriture est vraiment très désagréable : des phrases courtes écrites sans suite ni syntaxe. Comme de plus l’histoire n’est que prétexte pour l’autrice d’étaler pendant plus de 350 pages sa science de galeriste, c’est finalement très long à lire. Celle-ci avoue elle-même (page 263) Cela ferait un sacré bouquin, très technique avec un coup de théâtre à la fin ! Et puis le quai Voltaire n’est pas sur l’île St-Louis !
Note 2
j’ai aimé cette plongée dans cet univers discret…et la chute est excellente, n’est-ce pas le but ?
–