7 ⸱ Veiller sur elle
J.-B. ANDREA
Jean-Baptiste Andrea – L’ICONOCLASTE
Les jumeaux cosmiques
Il est né dans la misère, nain, et la vie ne lui a fait aucun cadeau à l’exception d’un don pour la sculpture. Elle est fille d’aristocrates, furieusement intelligente, et elle se prend d’amitié pour ce petit homme. Passion, amour, amitié : on est dans l’Italie de Mussolini et entre ces deux-là vont se nouer des liens que rien ne pourra rompre. Et puis il y a la Pieta…
Elle est bien longue cette saga familiale italienne, vue par les yeux de l’artiste qui a grandi à l’ombre de leurs ors et de leur système et ce n’est pas une question de nombre de pages.
Les années sont racontées les unes après les autres, ou presque, quand quelques gros plans bien menés auraient largement suffi. Certes l’essentiel de l’intrigue se passe en Italie entre le début du XXème et la seconde guerre mondiale, période essentielle mais que c’est pauvre cette époque ramenée à un père propriétaire terrien, un fils haut ecclésiastique et un fils fasciste. Certes se trouve au centre du récit une mystérieuse statue mais ce faux suspens a bien du mal à tenir sur la longueur. Reste l’histoire d’amitié entre les deux principaux protagonistes ; elle aussi aurait demandé à être densifiée. Le livre manque de descriptions, de profondeur et, pour tout dire, de style.
J’ai été enchanté par le récit des amours improbales du petit poucet Mimo, sculpteur prodige, et de Viola, jeune fée piémontaise fantasque. Mais à partir de la chute de la jeune fille, l’univers des deux protagonistes devient tourmenté et sombre. Ils se perdent dans les contingences de leur époque, marquée par la violence et la domination du fascisme. Le petit Mimo garde sa taille d’enfant, par contre je le trouve bien orgueilleux et narcissique quand il juge sa “Pietá” supérieure à celle de Michel-Ange. Le charme du début est rompu. Et quand, vers la fin du roman, il devient aveugle mais continue à décrire des paysages, je ne comprends plus. Par contre, le livre est écrit avec maestria, on pourrait même dire qu’il a été… ciselé.
Me suis ennuyée